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Dans le cadre de la publication par le gouvernement fédéral de la Stratégie nationale du Programme 2030 ; pour avancer ensemble, le Canada s’est engagé à combler les écarts socio-économiques, à faire progresser la réconciliation, à donner suite aux appels importants à l’action de la Commission de vérité et réconciliation et de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, et à remplir ses obligations internationales dans le cadre des Nations Unies. Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP).
Trois ans plus tard, les peuples autochtones continuent d’espérer un changement transformateur qui améliorerait considérablement le bien-être et l’appartenance.
En tant que personne aux racines métissées de colonisateur.rice.s et d’Anishinaabe, j’ai eu des conversations avec de nombreuses personnes, communautés et organisations qui expriment un fort désir de s’assurer que l’avenir que nous créons ne laisse personne derrière, mais ignorent comment et par ou comment commencer. Pour les individus et les communautés, les Objectifs de développement durable créent une occasion d’apporter des changements significatifs à travers le monde, mais seulement si les peuples autochtones sont inclus dans sa mise en œuvre.
Un développement durable juste et inclusif signifie adopter une approche du changement systémique fondée sur les droits. Je nous exhorte tous et toutes à réfléchir à la façon dont nous pouvons intégrer les engagements au quotidiens, en matière de réconciliation dans la poursuite du développement durable. En ce qui concerne l’objectif no 1 des ODD (mettre fin à la pauvreté), considérez ce qui suit :
- Les peuples autochtones (Premières Nations, Inuit.e.s et Métis) représentent plus de 5 % de la population totale du Canada, soit 1,8 million de personnes. On nous trouve dans toutes les provinces et tous les territoires, dans les grandes villes, dans les petites villes et partout ailleurs.
- Les décisions politiques et des décennies de négligence ont entraîné des taux de pauvreté de plus en plus élevés pour les peuples autochtones. En 2020, 37,4 % des enfants des Premières Nations vivant dans les réserves vivaient dans la pauvreté, comparativement à 10,8 % des non-Autochtones. Ce chiffre est probablement revenu à son niveau post-pandémique, car le coût de la vie continue d’augmenter alors que les prestations comme la PCU ont cessé. Selon la mesure de faible revenu, 53 % des enfants des Premières Nations vivant dans une réserve vivaient dans la pauvreté en 2016.
- Les expériences autochtones de la pauvreté sont complexes et variées. La pauvreté est vécue et conceptualisée différemment pour les Premières Nations, les Inuit.e.s et les Métis. Bien que ces effets soient ressentis différemment, la pauvreté a des répercussions négatives sur les langues, les cultures, les gouvernements et l’avenir des Autochtones.
- La pauvreté autochtone est liée à l’histoire et aux arrangements du fédéralisme canadien. En vertu de la Loi sur les Indiens, de nombreuses réalités autochtones sont gérées par le gouvernement fédéral. Malgré cela, les provinces, les territoires et les municipalités ont tous un rôle et une responsabilité à jouer pour fournir des programmes et des services essentiels aux peuples autochtones.
- La pauvreté autochtone est liée à la perte de terres, de ressources sociales et d’autres ressources économiques. Par conséquent, nous continuons de faire des progrès pour rétablir et développer des initiatives et des institutions dirigées par les Premières Nations, les Inuit.e.s et les Métis afin d’appuyer des soutiens culturellement pertinents qui créent le bien-être et affirment les droits uniques des peuples autochtones. Un avenir où les peuples autochtones dirigeront les efforts de réduction de la pauvreté ressemble à un partenariat entre les gouvernements autochtones et d’autres gouvernements pour offrir des programmes et des services dirigés par les Autochtones à leurs peuples, peu importe où ils/elles résident.
- Bien que la plupart des façons autochtones d’appréhender et d’être soient imprégnées de nos traditions, nous sommes toutefois modernes, novateurs et fermes dans notre compréhension que nous avons autant de responsabilités de donner et de partager nos enseignements et nos forces avec les autres que nos voisins non autochtones.
- Les approches axées sur le déficit et axées sur les écarts socioéconomiques ne soutiennent pas les approches holistiques du bien-être. Les communautés devraient adopter des approches fondées sur l’identification et le soutien des diverses forces, motivations et facteurs de protection qui soutiennent les personnes et les commuanutés. Les approches fondées sur les forces demandent à chacun.e de nous d’identifier nos dons et occasions uniques. Cela est conforme au Développement communautaire axé sur les actifs qui permet aux collectivités de se baser sur les forces et atouts individuels et collectifs.
- Le bien-être des peuples autochtones et de chaque collectivité dépend de relations solides et réciproques entre les peuples. Les liens relationnels contribuent fortement au changement des systèmes. Renforcer les relations et maintenir un espace où les gens peuvent se retrouver et former des relations et identifier des éléments significatifs à travailler ensemble même lorsqu’ils ont vécu des expériences différentes est un moteur puissant et constitue la clé pour éradiquer la pauvreté. Le Guide de l’Institut Tamarack pour l’approfondissement de la communauté est un excellent point de départ (offert en anglais seulement).
Dans cette optique, un partenariat accru est nécessaire pour s’assurer que chaque personne, famille et communauté a ce dont elle a besoin pour s’épanouir et se sentir à sa place. Le récent Sommet national pour éradiquer la pauvreté de l’Institut Tamarack a réuni des acteurs et actrices du changement de partout au Canada pour réfléchir à la façon de lutter contre la pauvreté et de créer un monde meilleur où les systèmes sont délibérément conçus pour profiter à tous. Partout au Canada, les communautés s’associent aux peuples autochtones pour veiller à ce que l’avenir que nous créons reflète les désirs d’inclusion des Autochtones et appuie les travaux dirigés par les Autochtones en vue de réduire la pauvreté, d’accroître le bien-être et de réaliser nos droits. Ce travail exige un engagement quotidien envers l’établissement de relations qui doit être fondé sur le soutien de ces objectifs.
Faire acte de bon voisinage signifie prendre le temps de comprendre comment nos systèmes actuels continuent de nuire et d’exclure les peuples autochtones et de reconnaître les leviers de pouvoir que nous avons en redressant ces torts. Commencez par communiquer avec les Autochtones présent.e.s dans vos communautés et à votre travail. Il faut du temps et de l’expertise pour s’engager à mettre fin à la pauvreté en comprenant les besoins, les réalités et les désirs complexes des peuples autochtones. Cet effort reflète les décennies de travail nécessaires pour faire face à des siècles de colonisation. Les changements apportés aux systèmes exigent que nous veillions à ce que les sept prochaines générations puissent relever ensemble les défis mondiaux avec soin, gentillesse et compassion.
La réconciliation concerne autant les droits que les relations. Marlene Brant Castellano, directrice de la Commission de vérité et réconciliation et érudite mohawk, a bien résumé la situation lorsqu’elle a dit :
« La sensibilisation et la reconnaissance [sont] vécues à mille points de rencontre entre les Autochtones et les non-Autochtones, de sorte que le besoin de changement et la promesse d’une nouvelle relation se répercutent dans les réseaux de familles, de communautés et de nations. »
J’encourage tout le monde à réfléchir aux dons, aux défis et aux moments uniques dans lesquels nous nous trouvons et à établir des relations avec les peuples autochtones en quête d’appartenance. Portez ce chandail orange tout au long de l’année pour souligner que « nous comptons tous ».
Chi-meewetch.