Avec plutôt que pour

Posted on June 7, 2020
By Jessica Lazare

L’engagement des jeunes, qui est un déterminant clé de la réussite ou de l’échec de tout programme s’adressant à la jeunesse, représente un défi pour nombre de communautés à travers le Canada. Or, la situation n’est pas différente dans ma propre communauté. Le mouvement Kahnawake Collective Impact (KCI) a vu le jour au sein de la petite communauté mohawk il y a un peu plus de cinq ans avec l’aide du Tamarack Institute. Depuis lors, nous avons créé une « organisation » autonome qui s’articule autour d’un comité directeur, et comprend de multiples groupes de travail.

Je me suis jointe à ce mouvement en 2015, en m’invitant moi-même à une rencontre qui rassemblait des chefs d’entreprises, des représentant-e-s de banques, des gestionnaires financiers, de même que des directrices et des directeurs. Alors que nous faisions un tour de table pour nous présenter, j’étais impressionnée (et un peu intimidée) par les personnes assises

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à mes côtés, et lorsque mon tour est venu, j’ai décrit ma « fonction » dans la communauté : mère monoparentale d’un enfant, travaillant comme responsable d’événements à l’hôtel local. Au début, le simple fait de le dire me faisait peur. Puis, je me suis dit : « Vous êtes qui vous êtes, et ce que vous avez à dire est important. » Ma présence à cette rencontre a été appréciée. J’ai eu le sentiment de parler au nom des autres jeunes de ma communauté et de mon fils. Après cette première rencontre, j’ai été invitée à quelques autres, ma participation étant fortement appréciée. C’est à ce moment qu’a commencé mon travail visant à améliorer la communauté. Toutefois, au cours de mon travail tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ce mouvement, j’ai rarement vu des personnes de mon âge occuper des rôles de pouvoir ou s’impliquer dans des projets de développement communautaire. Bien honnêtement, je ne les blâme pas. Il est intimidant de se retrouver parmi des adultes plus âgés qui travaillent dans la communauté depuis longtemps, et il peut être démotivant de sentir que votre avis ne compte pas à cause de votre âge ou de votre « manque d’expérience ». Or, c’est justement sur ce point que j’ai l’impression que le Kahnawake Collective Impact se distingue.

Le travail accompli par le comité directeur du KCI a établi qu’il était prioritaire de mettre en place une initiative globale promouvant la santé et le bien-être des jeunes. Le KCI a récemment été invité à participer au projet Communautés bâtissant l’avenir des jeunes (CBAJ), d’abord en prenant part à son rassemblement annuel. Au cours de cet événement de trois jours, j’ai eu l’occasion de rencontrer une vaste diversité de personnes provenant de plus de 13 communautés à travers le Canada. Œuvrant à tous les niveaux, ces personnes se consacrent toutes à la jeunesse. Parmi ces personnes se trouvaient des jeunes en début de carrière ainsi que des professionnel-le-s dans différents domaines, mais toutes poursuivent le même objectif : l’amélioration de l’avenir des jeunes. Il était très stimulant d’entendre les différents récits de ces personnes qui travaillent activement à aider les jeunes de leur communauté. De plus, les discussions que nous avons eues lors des ateliers et des présentations nous ont appris de nouvelles choses, et nous ont sensibilisé-e-s à de nouvelles perspectives et approches. Une fois de plus, mon avis a été apprécié et bienvenu — cela me procure un vif sentiment.

Je suis rentrée chez moi avec le sentiment d’être connectée à une grande communauté, en plus d’être reconnaissante d’avoir eu la chance de rencontrer des personnes partageant les mêmes objectifs que moi. Selon moi, le projet a présenté un cadre viable pour améliorer la vie des jeunes dans la communauté. Alors que chaque communauté est différente, les besoins sont légitimes et diversifiés. Cependant, ce projet peut servir à engager les jeunes sur la voie de leur avenir et à déterminer les retombées souhaitées, tout en en fournissant les outils, l’encouragement et les ressources nécessaires. Le Tamarack Institute offre du soutien à la réflexion, à l’apprentissage et à l’évaluation tout au long du processus, ce qui est essentiel à l’application constante du principe « avec plutôt que pour ». Afin de respecter les approches autochtones, il est important de déterminer les besoins des jeunes avec les jeunes, et de faire en sorte que ceux-ci orientent les décisions prises en leur nom.

 

Topics:
Youth, CBYF FR Blog, Communities Building Youth Futures


Jessica Lazare

By Jessica Lazare

I am an onkwehonwe (original people/Indigenous) woman from the Kanien’kehá:ka (Mohawk) territory of Kahnawà:ke. I am a mother of two boys, and I am currently enrolled at Concordia University. My interests are public policy & First Peoples studies, as well as painting. I advocate for collective approaches in community work, and platforms for youth.
Je suis une femme onkwehonwe (peuple originel/autochtone) vivant sur le territoire Kanien’kehá:ka (mohawk) de Kahnawà:ke. Je suis mère de deux garçons, et suis actuellement inscrite à l’Université Concordia. Je m’intéresse aux politiques publiques et aux études des peuples autochtones, de même qu’à la peinture. Je plaide pour l’utilisation d’approches collectives dans le cadre du travail communautaire, de même que pour la mise en place de plateformes pour la jeunesse.

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