L'impact des termes que nous utilisons

Posted on September 20, 2023
By Mike Des Jardins

Ce billet de blogue présente les réflexions de l’auteur après avoir assisté à la conférence « Words Matter: Reflections on Language about Equity, Vulnerability and Lived Experience » en janvier 2023. 

Une personne mène une discussion avec leur équipe.

Cette ressource est également disponible en anglais. Cliquez ici pour accéder à la version anglaise.

La puissance de la langue 

Que signifie le fait de dire de quelqu’un qu’il ou elle est vulnérable ? Comment se sent-on lorsqu’on est qualifié de vulnérable ? 

Le langage que l’on emploie est puissant, Il suscite l’émotion. Nous créons une communauté à travers le partage en utilisant le langage, au moyen du sens attaché aux mots que nous utilisons pour communiquer les uns avec les autres.  

Il peut contribuer à notre autonomisation et nous inspirer. Mais la langue peut également être extrêmement nocive lorsqu’elle est utilisée de manière à rabaisser et isoler la personne dont on parle. 

Les mots que nous employons ont de l’importance lorsque nous décrivons les personnes provenant de communautés qui ont subi des iniquités. De nombreux termes généraux sont utilisés pour décrire ceux qui font face à des obstacles dans la société, notamment des mots comme « vulnérable », « marginalisé », « difficile à atteindre », « désavantagé », « sous-représenté » et « mal desservi ». Sont-ils appropriés ? 

Lorsque nous utilisons un terme qui décrit les personnes, nous devrions tenir compte de mots ayant les qualités suivantes : 

  • Des mots et un langage inclusifs 
  • Des mots et un langage avec lesquels les personnes visées s’identifient et se reconnaissent, lorsque nous comprenons que les personnes peuvent avoir des préférences individuelles 
  • Des mots et un langage qui décrivent la population et évitent les étiquettes ou les stéréotypes 
  • Des mots et un langage respectueux et compatissants
  • Un langage dépourvu de stigmatisation
  • Des mots et un langage fondés sur les forces et caractéristiques positives d’une personne
  • L’utilisation d’un langage axé d’abord sur la personne plutôt que sur l’identité
  • Un langage dépourvu de transferts de la responsabilité du système vers l’individu
  • Des mots et un langage propres à la situation et informé par les personnes concernées et le contexte dans lequel ils sont utilisés. 

Il existe un pouvoir et un privilège qui entre en jeux lorsqu’on nomme ou lorsqu’on étiquette les personnes. Considérez le concept de la race en tant que construction sociale utilisé par les colonisateurs.trices pour exercer un contrôle et une influence sur les autres. Nous devons reconnaître le pouvoir des mots et tenir compte de l’impact du langage que nous choisissons d’utiliser. Même si nous avons les meilleures intentions à cœur, le langage que nous utilisons peut potentiellement exclure, causer une problématique ou blesser. En tant qu’homme blanc, cisgenre et membre de la communauté 2SLGBTQI+, je dois m’engager à supprimer le langage nuisible de mon vocabulaire à mesure que ma compréhension évolue. 

Nous devons également tenir compte des personnes dont la sécurité est respectée et favorisée lorsque nous faisons le choix de certains mots. Utilisons-nous des mots qui aseptisent la réalité de l’expérience vécue de l’injustice afin qu’elle soit plus digeste pour nous ? Il est normal de se sentir mal à l’aise et d’être confronté personnellement en rapport au langage qui utilisé autour de nous. Ce n’est pas le travail de ceux et celles qui ont été victimes d’iniquité de nous aider à nous sentir plus à l’aise en adoptant des termes ou en répondant à des descriptions auxquelles ils et elles ne s’identifient pas. 
 

Réflexions sur l’équité, la vulnérabilité et l’expérience vécue 

Récemment, le Centre de co-conception de l’Université McMaster a tenu une table ronde en ligne sur le thème «Les mots utilisés comptent: réflexions sur l’équité, la vulnérabilité et l’expérience vécue.» Ils ont partagé quatre idées clés qui sont ressorties des échanges:

1. Le contexte est important 

Tenez compte des préférences de la communauté, des fonctions que les termes peuvent servir pour différents publics et de l’évolution de la terminologie au fil du temps. Par exemple, le langage utilisé dans les revues universitaires peut être très différent de ce à quoi les individus s’identifient et de ce qu’ils ou elles souhaitent être employé à leur égard.

2. Le langage est une puissance

Il faut porter attention à la détermination de quelles préférences sont priorisées dans le langage employé et la responsabilité est placée selon les mots que nous sélectionnons. Par exemple, le terme «difficile à servir» met l’accent sur la personne ou le groupe qui ne correspond pas au système, tandis que le terme «mal desservi» parle davantage des problèmes systémiques qui font défaut aux groupes et aux collectivités.

3. La vulnérabilité comporte de nombreuses dimensions 

La vulnérabilité est quelque chose de dynamique. C’est un état et non un trait. Chacun est vulnérable à différents degrés et à différents moments, et cela peut être une source de force en ce qu’il peut nous permettre d’être nous-mêmes, authentiques, de développer de l’empathie et de nous aider à favoriser de meilleures connexions et relations avec les autres.

4.  Les étiquettes que l’on attribue entraînent des conséquences 

Les étiquettes peuvent assainir les expériences, légitimer les traumatismes et répondre aux besoins de l’État (c.-à-d. le gouvernement, les décideurs) plutôt que celui des individus et des communautés. Penser aux collectivités plutôt qu’aux individus comporte aussi des implications différentes. Nous devons être conscient.e.s de la façon dont les étiquettes impliquent le blâme et la responsabilité.

Que pouvons-nous faire ? 

Nous pouvons commencer par réfléchir au langage que nous utilisons, par exemple, en commençant par le terme vulnérable lorsque nous parlons de personnes ou de communautés. La langue et le contexte sociopolitique changent avec le temps, c’est donc un processus continu qui nécessite un apprentissage et une réflexion en continu. 

Ensuite, nous devons écouter, comprendre et nous adapter. 

Nous devons prendre le temps de remettre en question le langage que nous utilisons et de dialoguer avec ceux à qui il se réfère pour voir s’il est approprié et sûr. Il est important de réagir lorsque quelqu’un attire notre attention sur un langage blessant ou problématique que nous utilisons. Nous devons écouter et chercher à comprendre comment ce langage affecte l’autre. Enfin, nous devons nous adapter et accepter les préférences d’autrui dans ce qu’ils veulent ou ne veulent pas concernant le langage utilisé pour les décrire. Ensemble, nous pouvons co-créer un langage inclusif, sécuritaire et reconnu par les autres. 

 

Quelques ressources utiles : 

Parlons-en : Terminologie propre à l’équité en santé 

Centre de collaboration nationale des déterminants de la santé  

Cette ressource est un guide de discussion pour les praticien.ne.s qui veulent parler du choix de termes qui décrivent positivement et habilitent les groupes de population auxquels ils se réfèrent. Le document comprend une discussion de certains termes largement utilisés (p. ex., personnes marginalisées, vulnérables, population prioritaire), des principes et des considérations clés pour guider la langue que nous utilisons, ainsi que des questions pour la discussion en groupe.

Guide linguistique inclusif 

Oxfam International (offert en anglais seulement) 

Une ressource pour aider les individus à réfléchir à leur façon d’écrire peut subvertir ou renforcer par inadvertance des formes intersectionnelles d’inégalité. Le libellé recommandé est tiré d’organisations spécialisées qui fournissent des conseils sur la langue préférée par les personnes, les groupes et les communautés marginalisés, et par le personnel et les réseaux d’Oxfam, pour nous aider à faire des choix qui reflètent respectueusement la façon dont ils souhaitent être décrits. 

 

Words matter: Creating a language guide to inform your communications

Big Duck (version offerte en anglais seulement) 

Cet article fournit un lien vers le glossaire de Big Duck et une collection de guides et de ressources qui soutiennent un langage inclusif. 


Mike Des Jardins

By Mike Des Jardins

Mike is the Manager of Sustainability & Development for Communities Building Youth Futures. In this role, Mike is responsible for sustainability planning, researching and sharing best practices related to the sustainability and resilience of youth collective impact work, coaching CBYF communities on developing and implementing sustainability strategies, and measuring the impact and telling the story of social return on investment.

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