Dans ce texte, j’explique pourquoi je trouve important d’impliquer les jeunes dans le processus de conception de tout ce qui touche les jeunes, et ce qu’il manque afin de créer l’espace pour que cela se concrétise.
Si vous n’êtes pas moi, alors comment pouvez-vous savoir ce que je veux ou ce dont j’ai besoin?
Je trouve qu’il est futile qu’on me questionne afin de tenter de savoir ce que je veux ou ce dont j’ai besoin, et de voir mes réponses être diluées alors que le groupe cible passe du « je » au « nous ». J’ai trop souvent eu l’impression que ma voix se diluait dans la masse. Parfois même au point de ne plus avoir envie de me prêter à ces efforts visant à ajouter mon grain de sel dans les sondages.
Est-ce la conséquence des systèmes dans notre société? Pourrait-il s’agir de limites structurales dans notre société où les contraintes temporelles sont une réalité faisant en sorte que lorsque nous tentons de circonscrire les besoins des individus en peu de temps, nous favorisons la quantité à la qualité? Ou est-ce plutôt la nature même du défi consistant à répondre aux besoins de tou-te-s, un peu comme si l’on donnait des « chaussures » à tout le monde, mais que certaines « chaussures » ne faisaient pas?
Je crois que notre société saisit bien l’importance d’inclure les personnes qu’elle cherche à servir dans le processus. Je veux dire, ne serait-il pas étrange que j’aille dans un restaurant et que l’on me serve un plat avant même de m’avoir demandé ce que je veux?
Quand on parle des jeunes, les jeunes connaissent les obstacles et les défis qui se dressent devant eux; ils savent également quelles solutions fonctionnent pour eux. Ils sont eux, et je suis moi. Comme les nombreux flocons de neige qui tombent sur Yellowknife durant l’hiver, chaque jeune est différent, chaque histoire est différente. Mais un peu comme les flocons fondent au soleil, il existe certaines similitudes parmi les jeunes qui peuvent se révéler pertinentes pour quelqu’un. Or, si leur voix n’est pas entendue, comment pouvons-nous le savoir? Voilà pourquoi l’avis des jeunes est important. Voilà pourquoi nous devons questionner et impliquer les jeunes. Parce que dans le fond, certains des meilleurs repas qui sont pleinement satisfaisants commencent par la simple question : « Veux-tu des frites avec ça? »
J’ai constaté qu’il était difficile de créer cet espace sécuritaire permettant d’outiller les jeunes et de leur donner l’occasion de se faire entendre, qu’importe le moyen. Les communautés sont les expertes, et mon rôle à titre d’individu doté de certaines aptitudes et de certains privilèges et bénéficiant d’une tribune est d’agir comme facilitateur et médiateur; de tisser des liens et d’aider. Un espace sécuritaire et encourageant pour outiller les jeunes et leur donner le goût de s’exprimer, voilà une chose que j’ai rarement vue et que j’espère cocréer avec les jeunes et les membres de la communauté pour qui ça compte.
