S’il y a une chose sur laquelle plusieurs d’entre nous peuvent se mettre d’accord, c’est bien sur le fait que la COVID-19 a profondément bouleversé la vie des jeunes Canadien-ne-s. Certains signes montrent toutefois que le vent est en train de tourner, et qu’il s’agit conséquemment d’un moment décisif. De quelle manière pouvons-nous repenser l’engagement des jeunes pour en faire une occasion de travailler à leur côté dans le but de créer un avenir prometteur une fois la pandémie terminée?
Voici quelques nouvelles douces-amères :
- L’emploi chez les jeunes est en hausse. Après la hausse record du niveau de chômage enregistrée en mai, les secteurs de l’économie où les jeunes trouvent traditionnellement un emploi (ex. : hébergement, services alimentaires et vente au détail) recommencent à embaucher du personnel. De plus, le programme Emploi d’été Canada propose des dizaines de milliers d’emplois, avec la possibilité d’étendre la période de travail jusqu’au début de 2021. Toutefois, le marché de l’emploi se porte moins bien que l’année dernière à pareille date, et le fait que les jeunes gagneront moins d’argent à court comme à long terme donne lieu à de sérieuses inquiétudes.
Les provinces examinent un éventail de mesures de précaution pour le retour en classe. Il reste toutefois à savoir de quelle manière les jeunes continueront à s’adapter à la situation. Dans le cadre d’un questionnaire lancé par Statistique Canada, la majorité des jeunes répondant-e-s (âgés de 15 à 24 ans) ont indiqué que leur santé mentale s’était détériorée depuis l’entrée en vigueur des mesures de distanciation sociale.
Bien que ces nouvelles puissent sembler quelque peu désastreuses, elles témoignent selon moi de l’ingéniosité et de la résilience des communautés. Ces dernières font face à l’incertitude et s’adaptent rapidement à la situation par des politiques, des programmes, des services et des stratégies.
Mais, que font les jeunes dans tout cela?
Le 21 juin dernier, Future of Good a organisé une discussion en ligne sur la manière de rebâtir les communautés pour (et avec) les jeunes (en anglais seulement). Trois conférencières et un conférencier nous ont fait connaître leurs excellentes idées quant à ce que devrait être une réponse axée sur la jeunesse, les tendances prometteuses, de même que les choses à mettre de côté pour assurer une relance équitable.
Voici mes principales recommandations :
- Voir au-delà de la scolarité et considérer l’expérience vécue. Plusieurs jeunes ne font pas d’études postsecondaires, mais ils offrent des soins, font du bénévolat dans leur communauté, participent à des programmes, ou s’impliquent dans des initiatives scolaires. Durant leur entrevue d’embauche, encouragez les jeunes à décrire les expériences et les compétences qu’ils ont acquises dans le cadre d’expériences non traditionnelles. Comme l’a indiqué Linxi Mytkolli de Youthful Cities : « [L’embauche] basée sur l’expérience élimine les obstacles à l’emploi, et cela rend le processus plus accueillant et accessible. »
- S’assurer que les jeunes puissent être eux-mêmes dans leur milieu de travail. Les Noir-e-s, les Autochtones, les personnes appartenant à la communauté LGBTQ+ et les jeunes racialisés se trouvent souvent devant des employeuses et des employeurs qui font preuve de discrimination et exercent des pressions pour qu’ils cachent leur identité au travail. Promouvez un environnement où les jeunes peuvent exprimer qui ils sont et s’affirmer à titre de personnes autodéterminées. Comme l’a souligné Justin Wiebe de la Fondation MasterCard : « Bien vivre sa vie, c’est quand les gens peuvent être pleinement eux-mêmes, et sont capables de s’épanouir et de prospérer. »
- Outiller les jeunes afin qu’ils s’autonomisent eux-mêmes. Les jeunes sont naturellement dotés de compétences. Les organisations peuvent encourager les jeunes à faire montre de leadership; elles peuvent également guider leur démarche de questionnement plutôt que de simplement les superviser. Selon Candies Kotchapaw de l’organisation DYLOTT : « Vous [les jeunes] connaissez vos besoins. Et si les pouvoirs en place ne vous écoutent pas, prenez les rênes dans votre communauté. Ça forcera les pouvoirs en place à vous écouter. »
- Remplacer les consultations de jeunes par des équipes d’action formées de jeunes. Consulter les jeunes dans l’unique but d’obtenir leurs avis et leurs commentaires n’est qu’un exercice de façade qui, bien franchement, ne permet pas de tirer parti de leur savoir et de leur expérience. Impliquez les jeunes dans la prise de décision et l’équipe de direction lorsque vous mettez en œuvre leurs excellentes idées. Comme l’a mentionné Nadine Duguay-Lemay de Dialogue NB : « Les jeunes voient surgir des occasions durant la pandémie, et ils ont été créatifs. »
Alors que les jeunes vivent des circonstances extraordinaires, nous devons pour notre part miser sur la création de partenariats extraordinaires avec eux. Dans le cadre du projet Communautés bâtissant l’avenir des jeunes, nous élaborons une stratégie d’engagement visant les jeunes, et nous nous engageons à ce que les jeunes participent au leadership de même qu’à la prise de décisions, et soient consultés. Nous vous invitons à réfléchir à la manière dont votre organisation pourrait permettre à plus de jeunes de s’impliquer dans leur communauté et de mener à bien leur transition vers l’âge adulte.
